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Blind Mind - 21/09/2012 - BU Medecine Pharma Besançon

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Pour la rentrée, Anne Tramut nous propose Blind Mind, une exposition originale à la Bibliothèque Universitaire de Médecine Pharma de Besançon.

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Différentes œuvres de l'artiste Nicolas Engel Larchez sont exposées. L'artiste, âgé de 26 ans, a une particularité : il est autiste.

Ce vendredi, Nicolas et sa mère sont venus pour le vernissage de l'exposition. J'ai eu le privilège d'y assister, et c'était un moment de partage et de découverte à ne pas rater.

Il y a d'abord la rencontre avec Nicolas, qui a beaucoup apprécié ce moment de convivialité et qui est repartit avec l'envie de renouveler l'expérience.

Ensuite, les échanges entre le public et Mme Larchez. Très enthousiaste et dynamique, elle a pris la parole pendant presque une heure.

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Ce fut absolument passionnant et les idées reçues ont volées en éclats.

L'autre aspect intéressant de cette rencontre est son lieu, au cœur d'un pôle de formation en médecine. Le point de vue et les informations distillées par Mme Larchez furent aussi intéressants pour le public que pour les futurs médecins présents dans la bibliothèque.

Dans les lignes qui suivent, je vais essayer de tout vous résumer.

La première chose que l'on découvre, ce sont les difficultés qu'on rencontrés la famille de Nicolas après sa naissance et avant que son autisme ne soit diagnostiqué.

Les symptômes ne sont pas très clairs et ne se précisent que lorsque l'enfant a atteint un certain âge. Il est fréquent que les médecins soient perplexes et qu'ils diagnostiquent un autre trouble par erreur.

Il est aussi courant que les personnes autistes souffrent d'autres handicaps mentaux ou physiques, ce qui contribue à brouiller les pistes.

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Mme Larchez n'hésite pas à dire qu'elle a été soupçonnée de maltraitance envers Nicolas.

Elle nous explique ensuite que sa "grande chance, c'est de parler anglais et donc d'avoir accès à des sources d'informations plus importantes que celles disponibles en France il y a 20 ans".

Elle a passé une bonne partie de son temps à voyager et à se rendre à des colloques sur l'autisme en Angleterre, aux USA, en Australie, …

Très informée sur le sujet, elle précise qu'aujourd'hui les choses ont évoluées, même s'il reste encore du chemin à parcourir.

La mère de Nicolas explique qu'elle a eu la chance de rencontrer un pédiatre qui a osé lui avouer "ne pas y connaître grand-chose" et qui s'est montré ouvert aux nouvelles idées et informations de l'extérieur.

L'autisme c'est quoi au juste ?

D'abord il faut savoir qu'il n'y a pas une mais plusieurs sortes d'autismes.

Mme Larchez utilise une image intéressante : les gens "normaux" ont une intelligence et des compétences uniformément réparties.

Les autistes, eux, ne sont pas moins intelligents que la moyenne, mais peuvent avoir facultés surdéveloppées sur certains domaines, et une absence dans d'autres.

Les autistes ne voient pas le monde comme nous.

C'est parfois déroutant : un autiste peut faire en quelques secondes de calcul mental des divisons entre des nombres de dix chiffres, mais ne pas pouvoir répondre à la question "combien faut-il d'argent pour acheter deux plaques de chocolat à 7 euros chacune ?"

L'idée de Mme Larchez a été d'identifier les choses dans lesquelles Nicolas a de bonnes facultés, pour l'inciter à s'en servir comme levier pour aller vers les autres.

Nicolas avait beaucoup de mal à communiquer avec le langage, mais il a très montré des aptitudes intéressantes avec son rapport à l'image.

Ses facultés se sont d'abord exprimées par une grande aisance à rassembler des puzzles.

Si, comme le répète Mme Larchez "il y a autant de formes d'autisme qu'il y a de personnes", avoir une excellente mémoire visuelle est un point commun chez les autistes.

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C'est une des raisons pour lesquelles les logos des différentes associations d'autistes font souvent référence au puzzles.

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Rapidement, Nicolas s'est montré à l'aise avec le dessin. Lorsqu'il n'arrivait pas à se faire comprendre de sa famille, Nicolas essaye de faire passer son message par un dessin.

Sa mère voit dans le dessin la clef pour amener Nicolas vers le monde extérieur.

Nicolas dessine comme il respire. Il peut le faire toute la journée. Sa maman nous avoue avec humour avoir maintenant un sérieux problème de stockage !

Différentes toiles de Nicolas sont exposées au public. Elles sont fortement marquées par l'univers de la BD et du dessin animé.

Elles sont si bien dessinées qu'on pourrait croire qu'elles sortent d'un cahier de coloriage. Il n'en est rien ; elles ont étés peinte de mémoire par Nicolas, et quasiment toutes d'un trait, sans gomme ni correction.

Mme Larchez explique : "Nicolas a son univers bien à lui. L'univers Disney a été une façon de l'amener vers le monde réel."

Dès qu'un dessin animé représentait une scène emblématique d'un pays, d'un animal, d'un objet ou d'une situation réelle, la mère de Nicolas plaçait aussitôt à côté du téléviseur une carte du monde ou un objet pour que Nicolas fasse le lien.

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Grâce à ce travail, Nicolas possède un langage d'images avec lequel il est à l'aise, comme nous possédons un langage de mots.

Une autre difficulté qu'à rencontrer la famille de Nicolas est sa scolarisation.

A l'époque où Nicolas était enfant, il n'a pas pu être scolarisé, les différents interlocuteurs de l'éducation nationale ne sachant pas apporter de réponse.

Mme Larchez ne s'est pas découragée.

Elle s'est tournée vers les écoles municipales d'art plastique. Il y a eu de la résistance, sur le mode "on ne prend pas de personnes handicapées".

Mme Larchez persiste ; elle trouve une accroche originale et percutante : "Je préfère que vous me demandiez les dessins de Nicolas pour que vous puissiez voir s'il a le niveau. Refuser quelqu'un parce qu'il n'a pas le niveau on peut comprendre, mais parce qu'il est différent, non."

La volonté de la mère de Nicolas finit par payer. Nicolas commence par faire un séjour avec un artiste Alsacien, et les éducatrices voient enfin le potentiel de Nicolas. Le jeune artiste se distingue très vite par sa spontanéité et l'assurance de son trait.

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Il dessine sans revenir en arrière et a un rapport à la couleur très particulier. Plus tard, il montrera une étonnante facilité à dessiner avec un ordinateur, d'autant qu'il se sert uniquement d'une souris et d'un logiciel de dessin standard.

Beaucoup de gens pensent que les autistes n'ont pas d'imagination, mais c'est faux.

Leur imagination fonctionne différemment de la nôtre. Les toiles de Nicolas en témoignent. Il part toujours de choses très connues mais les place dans des situations inattendues.

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Nicolas a un autre signe particulier, un rapport assez particulier aux dates. Il aime demander à toutes les personnes qu'il rencontre leur date de naissance, et arrive à toutes se les remémorer.

Le jour venu, il prend le temps de dessiner une carte de vœux personnalisée et l'envoie.

Nicolas n'ayant pas eu de scolarité, il a donc des difficultés pour s'exprimer et pour écrire.

Sa mère a trouvé une solution.

Elle a d'abord établi une liste de toutes les situations types de la vie courante, puis rédigée des phrases clefs. Pour que Nicolas s'approprie facilement ce guide de langage, elle a utilisé un code de couleurs.

Ce fut efficace. Nicolas arrive à se débrouiller avec ce système, il arrive même à écrire des emails à ses proches.

Et lorsque Nicolas est devenu grand, sa mère a tenu à lui donner une indépendance, pour éviter qu'elle ai une trop grande influence sur lui et ses dessins.

Aujourd'hui elle vit à Paris et Nicolas en Alsace. Nicolas est indépendant, il travail et a son propre appartement. Il prend régulièrement seul le train pour aller rendre visite à sa famille.

Nicolas a commencé ses premières expositions à l'âge de 12 ans. Il continue aujourd'hui, au rythme de 2 par an en moyenne.

Ce n'est déjà pas évident pour les gens "normaux" de se confronter à un public d'inconnus ; pour Nicolas c'est une grande aventure.

Mme Larchez donne ensuite des conseils aux futurs médecins et des informations très détaillées sur les différentes formes d'autisme.

Ayant fréquentée sans relâche de nombreux colloques et expérimenté toutes les solutions pratiques avec son fils, Mme Larchez est une véritable bible sur le sujet.

Elle termine sur une note positive, en espérant que le parcours de Nicolas soit une note d'espoir pour tous les autistes et leur famille.

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L'exposition des œuvres de Nicolas est visible à la B.U. de Médecine-Pharma des Hauts-de-Chazals à Besançon jusqu'au 5 octobre.

A noter un rendez-vous si vous voulez en savoir plus sur l'autisme : le samedi 20 octobre, une journée de débat sur l'autisme, à l'IRTS de Franche-Comté, à Besançon.

Contacter Mme Fouzia ZRIDLA au 03 81 41 61 39 ou à fouzia.zridla @ irts-fc.fr

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Ci-dessous quelques photos du vernissage et des oeuvres de Nicolas.

Anne Tramut, l'organisatrice de l'exposition, tient à remercier Anne Forno pour son aide.


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